close
close
keyboard_arrow_left RETOUR

    Cinéma ville - février 2012

    La Résistance au coeur de Paris

    Le 21 février 1944, mourraient sous les balles allemandes vingt-trois jeunes gens, tous issus du groupe armé des FTP-MOI (Francs-Tireurs-Partisans – Main d’oeuvre immigrée), ou “Groupe Manouchian”. Frank Cassenti leur a dédié un long métrage en 1976, Robert Guédiguian en 2009.

    “Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
    Vingt et trois qui donnaient leur coeur avant le temps
    Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
    Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
    Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant”
    Louis Aragon (Groupe Manouchian)

    Les représentations de la Résistance dans le cinéma ont évolué dans le temps. À l’heure de l’euphorie, juste après la guerre, quelques films enthousiastes soulignent l’héroïsme des Français. En France, mais aussi en ex-U.R.S.S. (La France libérée, Serguei Youtkevitch, 1944) qui a toujours aimé mettre en images les révoltes du peuple français. A contrario, Marcel Carné, avec Les Portes de la nuit (1946), offre un portrait en demi-teinte de la France d’après-guerre, qui ne sera pas du goût de tous, ce qui expliquera en partie son échec commercial. Après 1946, la reconstruction, puis d’autres confl its, impliquent un moindre intérêt pour la Résistance au cinéma. Elle ne revient sur le devant de la scène qu’au début des années 1960 avec notamment les films de René Clément, dont Le Jour et l’heure, et les oeuvres d’un Melville ou d’un Chabrol. 

    L’engagement des étrangers

    La sortie en 1971 du documentaire de Marcel Ophüls, Le Chagrin et la pitié (non diffusé dans ce programme), marque un tournant dans la représentation de la Résistance, en écornant son mythe. Cette contestation s’accompagne de la réhabilitation d’épisodes oubliés, comme celle de l’engagement des étrangers dans la Résistance, tel celui du groupe Manouchian, auquel Frank Cassenti consacre un film. Réalisé avec peu de moyens, tourné avec les comédiens d’Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie de Vincennes, ce film a valeur de témoignage. Étrange paradoxe que ces résistants, pour la plupart étrangers,  oeuvrant pour la libération de la France et poursuivis par des policiers français travaillant pour l’occupant allemand. “La question que j’aimerais qu’on se pose après ce film, n’est pas : Qu’aurionsnous fait à la place de ces jeunes gens ? Mais, que feraient ces jeunes gens aujourd’hui ?”, souligne Robert Guédiguian lors de la sortie de son film, L’Armée du crime. “Si on fait un fi lm historique, c’est pour éclairer le présent. Ces jeunes gens nous appellent à la non-indifférence. Résister, c’est une morale de vie”, rappelle-t-il. Avec François Truffaut, Jean-Paul Rappeneau, ou plus récemment Jacques Audiard, voilà plus de cinquante ans que la période de l’Occupation et le rôle de la Résistance passionnent le cinéma, et provoquent encore le débat, trouvant régulièrement de nouveaux échos dans l’époque contemporaine.