Tangible, addictif, déformant, perturbant, trop intense, LSD informationnelle etc, voici quelques-uns des nombreux procès faits à la réalité augmentée / virtuelle / mixte. En cause: des expériences qui nous «débrancheraient» du réel en alternant durablement notre vision du monde. Plusieurs épisodes de la série Black Mirror nous dressent d’ailleurs un portrait terrifiant de différents usages qui pourraient être fait de ces technos. Dans Arkangel (S04E02), le contrôle parental vire au cauchemar lorsqu’une mère décide d’implanter sa jeune fille d’un dispositif de surveillance totale qui brouille sa perception du réel. Dans Man Against Fire (S03E05), une unité de soldats d’élite défend aveuglément le monde d’un ennemi d’un nouveau genre: «les déchets», des «mutants assoiffés de sang»; bien plus humains qu’il n’y paraît. White Christmas (christmas special S02), la pulsion de l’exclusion de l’autre - celui que l’on veut sortir purement de notre vie prend corps dans la «vraie vie».
Terrifiant… mais si éloigné de notre quotidien? Pas si sûr. À l’heure où nous prenons soin de bloquer nos ex sur tous les réseaux sociaux, de limiter notre exposition à la publicité en ligne via des adblocks, de protéger nos enfants de certains contenus grâce au contrôle parental; ou, à l’inverse, d’enrichir nos balades urbaines via des jeux en AR type Pokemon GO; ne nous sommes-nous pas déjà volontairement débranchés du réel? À moins, que le réel ne soit, par essence, une notion éminemment plurielle…
Dans le cadre de NewImages, du 4 au 8 avril 2018.