La Master class de Denis Podalydès

Ce mardi soir de mai au Forum des images, veille d’ouverture du Festival de Cannes, c’est un athlète complet qui apparaîtra. Par là il faut entendre qu’avec Denis Podalydès la conversation tournera autant sur la littérature et le théâtre que sur le cinéma, sur les mystères du comédien aussi bien que sur l’art de la mise en scène, et que s’il reste un peu de temps, il se pourrait encore qu’il soit question également de tauromachie, de politique.

S’il est vrai qu’il était écrit, peut-être, que le petit-fils d’une libraire versaillaise possédait toutes les chances, en effet, de devenir un lecteur, il n’était pas établi qu’il lise à voix haute et s’impose comme un des grands liseurs de son temps. Céline, Baudelaire, Rousseau, Diderot, Proust, Agatha Christie, Platon et quelques autres lui ont donné à découvrir une façon autre d’être acteur, lui qui en 1997 entra à la Comédie-Française, et trois ans plus tard en devint pensionnaire.

Avant cela, entre autres modes d’expression, il y avait eu le cinéma. Ensemble avec Bruno son frère aîné, ils écrivirent Versailles Rivegauche, que Denis interpréta, que Bruno réalisa, c’était en 1992. Depuis, ils n’ont cessé de se retrouver, Denis a joué les plaisanciers d’occasion dans Liberté-Olérons, a incarné Rouletabille le roi des détectives. Le 20 juin prochain sortira Adieu Berthe, dont une fois encore les deux frères ont cosigné le scénario.

Au théâtre, Denis Podalydès joue Molière, Corneille, Büchner, Musset, Feydeau, Euripide, Tchekhov, Goldoni, Sophocle, Eduardo De Filippo, il met en scène “Cyrano de Bergerac” et Musset, et récemment un opéra, le “Don Pasquale” de Donizetti. Au cinéma, il a été Sarkozy (La Conquête) et aussi Jacques Attali (Coluche), à la télévision Jean-Paul Sartre et André Malraux, bientôt on le découvrira en Paul Claudel devant la caméra de Bruno Dumont, et avant cela dans le nouveau film d’Alain Resnais, dont le titre lui convient si bien : Vous n’avez encore rien vu. En effet.

Pascal Mérigeau

Critique au Nouvel Observateur, Pascal Mérigeau a publié plusieurs ouvrages sur le cinéma dont “Pialat” (Éd. Ramsay, 2007), “Cinéma : autopsie d’un meurtre” (Éd. Flammarion, 2007) et “Depardieu” (Éd. Flammarion, 2008).