«Quand il est allé présenter Grosse fatigue à Tokyo, les Japonais n’en revenaient pas qu’il ait réalisé une comédie: normal, ils ne le connaissaient jusqu’alors qu’à travers Monsieur Hire, son rôle le plus noir. Et forcément, cela lui a beaucoup plu, lui qui n’aime rien tant que prendre le contre-pied de l’image qu’ont dessinée de lui le café-théâtre, les comédies qu’il a jouées, les scénarios qu’il a écrits, ses apparitions télé et le reste.
Lassant en effet, on peut l’imaginer, de passer toujours pour le rigolo de service, souffre-douleur des Bronzés, roi des pique-assiette et prince des coups foireux, hypocondriaque de compétition, mine défaite et répliques assassines ou suicidaires, parfois les deux. C’est en faisant l’acteur, chez Tavernier (Que la fête commence), Claude Miller (La Meilleure Façon de marcher) ou Polanski (Le Locataire) pour commencer, puis chez Patrice Leconte à de nombreuses reprises, qu’il s’est découvert des désirs de mise en scène. Et lorsque Leconte, pour qui il avait écrit Marche à l’ombre, a insisté pour qu’il réalise lui-même le film, il s’est lancé, et le film a triomphé. Succès trop colossal, sans doute, pour n’être pas embarrassant. À Michel Blanc il a fallu du temps pour plonger de nouveau et, de ce désarroi, Grosse fatigue, son deuxième film, se nourrissait, qui se vit décerner à Cannes le Prix du Meilleur Scénario en 1994.» - Pascal Mérigeau.
Dans le cadre de la saison 2011-2012.