Filmer la parole avec Nurith Aviv
Festival Un état du monde, 15e édition. Cinéma en débat(s). Du 24 au 31 janvier 2025.
Première femme reconnue comme cheffe-opératrice par le CNC en France, Nurith Aviv est aussi la réalisatrice de films essentiels, où les langues, les pays, les récits intimes et mythiques se croisent et se répondent. Elle est notre invitée d’honneur avec une master class et 12 films, tous accompagnés par des personnalités du monde des arts et de la recherche.
La parole incarnée
Née à Tel-Aviv en 1945, de parents originaires de Berlin et de Prague, vivant en France depuis plusieurs années, celle qui se dit « analphabète en 4 langues » a placé les questions liées à la langue et au multilinguisme au cœur d’une œuvre à la fois personnelle et universelle. Ses films construits avec un dispositif minutieux, engendrent une poésie et une émotion singulières. Voici des femmes, des hommes de divers pays, de diverses cultures et traditions, qui se tiennent là, devant nous. Et se racontent, nous racontent.
Rien d’abstrait, ni de théorique ici, même si les témoignages agencés par la cinéaste sont aussi étayés par des pensées, du savoir critique. La parole s’incarne, et l’expérience est sensorielle tant la construction filmique nous met dans une disposition privilégiée pour écouter et voir.
S’ancrer dans un entre-deux
Les films de Nurith Aviv sont traversés par l’Histoire qui façonne des destins particuliers. Des récits d’exils, de rupture, de passage, et des réinventions infinies de soi et du monde. Dans quelle langue habite-t-on ? À quel territoire appartient-on ? Que faire du vide, de l’absence, de la perte ?
Aucun pathos, mais une vitalité très puissante émane de ces films. Dans D’une langue à l’autre (en hébreu Misafa Lesafa, qui signifie aussi « d’un bord à l’autre », « d’une lèvre à l’autre »), le rabbin philosophe Daniel Epstein dit, à propos de son bilinguisme français/hébreu : « je cours d’une langue à l’autre, comme un battement de cœur (...), c’est le défi de ma vie, vivre et transmettre des messages, je dirais impossibles, d’un monde à l’autre ».
Le cinéma de Nurith Aviv accomplit ce paradoxe prodigieux : s’ancrer dans un entre-deux, s’enraciner tout en s’ouvrant à l’immensité du monde.
Les séances de Nurith Aviv
Samedi 25 janvier
• Annonces (2013), précédé de Les Nouveau-nés (2002), de Nurith Aviv.
En présence de Nurith Aviv et d’Éric Laurent, psychanalyste et psychologue. Projection suivie d’un débat.
→ Samedi 25 janvier à 19h30
Dimanche 26 janvier
• D’une langue à l’autre (2004), précédé de Allenby, passage (2001) et Vaters Land / Perte (2002), de Nurith Aviv.
En présence de Nurith Aviv et d’Anne Weber, autrice. Projection suivie d’un débat.
→ Dimanche 26 janvier à 15h
• Rencontre avec Nurith Aviv
Animée par Catherine Coquio, enseignante-chercheuse et autrice.
→ Dimanche 26 janvier à 18h30
Mardi 28 janvier
• Des mots qui restent (2022) précédé de L’Alphabet de Bruly Bouabré (2004), de Nurith Aviv.
En présence de Nurith Aviv et de Hind Meddeb, cinéaste. Projection suivie d’un débat.
→ Mardi 28 janvier à 19h30
Mercredi 29 janvier
• Lettre errante (2024) précédé de Son portrait, mon portrait (2024), de Nurith Aviv.
En avant-première. En présence de Nurith Aviv et de Tiphaine Samoyault, enseignante, critique et écrivaine. Projection suivie d’un débat.
→ Mercredi 29 janvier à 19h
Jeudi 30 janvier
Traduire (2011) précédé de Comptines (2005) et Signer en langues (2017), de Nurith Aviv.
En présence de Nurith Aviv et de Massoumeh Lahidji, interprète, traductrice et autrice. Projection suivie d’un débat.
→ Jeudi 30 janvier à 18h30
Livre collectif : Nurith Aviv – Filmer la parole
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Sur la page de l'éditeur
À paraître en mars 2025 aux éditions Exils, sera en vente en avant-première lors du festival, le 26 janvier.