
Inédit: Gasoline Rainbow
Turner Ross
Documentaire, Japon, vostf, 2020, 120 min, Couleur, Cinéma Numérique 2K
Pionnier de la psychiatrie au Japon, le professeur Yamamoto s’apprête à prendre sa retraite à l’âge de 82 ans. À l’approche du départ, il sent ses patient·es de plus en plus déboussolé·es, alors qu’il ne sait pas lui-même comment affronter ce bouleversement.
À 80 ans passés, à l’heure de prendre sa retraite, le Docteur Yamamoto confie au cinéaste Kazuhiro Soda : « J’ai consacré ma vie à coexister avec mes patients, mais en faisant ça, c’est elle que j’ai sacrifiée. » Autoanalyse redoutablement lucide : l’existence de Yamamoto aura principalement été peuplée de l’écoute des autres, sur le fil entre vocation et abnégation. Tandis que Yamamoto adresse ses adieux à ses patient·es, Soda se saisit d’un dernier portrait de chacun·e, respectueux de l’expression de leurs nécessités et de la singularité de leurs phrasés. Quand Yamamoto, enfin retraité, retrouve son foyer et un semblant d’intimité avec Yoshiko, son épouse souffrante, leur vie personnelle semble tout juste commencer. Par-delà la réflexion profonde sur ce qui constitue une vie quand le travail s’en va, Soda, caméra nerveuse au poing défiant l’inertie des tombes, s’intéresse ici aussi aux gestes retrouvés et renouvelés de ce couple, qui peut enfin prendre le temps de soins réciproques.
"Professeur. Yamamoto part à la retraite (2020), huitième long métrage documentaire de Kazuhiro Soda, prolonge directement son deuxième « observational film », Mental (2008). Dans Mental, Soda s’intéressait aux parcours de vie des patient·es du psychiatre Yamamoto et des soins avant-gardistes prodigués par celui-ci. Douze ans plus tard, le docteur prend sa retraite et Soda revient le filmer. Son attention de cinéaste se déplace : Yamamoto n’est plus la figure tutélaire autour de laquelle gravite de nombreux personnages, il est un homme âgé qui doit réapprivoiser sa vie personnelle. D’un film à l’autre, Soda interroge autant la puissance d’écoute de son personnage que la construction de la sienne en qualité de cinéaste."
Claire Allouche, critique aux Cahiers du Cinéma, doctorante et enseignante à l'Université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis
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