Refaire l'amour : les éditos

Mois par mois, les éditos de Fabien Gaffez, directeur artistique du Forum des images.

Septembre-octobre

 

Un genre canonique

Si l’on s’en tient à ses définition et délimitation historiques, dans le cadre industriel du cinéma dominant, la romcom authentique débute avec Quand Harry rencontre Sally (Rob Reiner, 1989), qui en expose les codes esthétiques, narratifs ou actoraux. L’âge d’or, et la matrice de ce genre se situant de la fin des années 1980 au début des années 2000, avec ses déclinaisons britanniques (Quatre mariages et un enterrement, Mike Newell, 1994) et sa virtuose réunification terminale (Julia Roberts et Hugh Grant dans Coup de foudre à Notting Hill, Roger Michell, 1999).

Le propre du genre, et son énigmatique singularité, est que, même en le schématisant à outrance, on reste dans le vrai, tant il se nourrit de ses propres clichés. Des clichés acceptés, et même attendus, par les spectateur·ices. Le plaisir que l’on y prend repose sur deux choses : la manière dont le film aborde les passages obligés, accomplit les figures imposées, détourne parfois les clichés ; les acteur·ices qui incarnent nos amant·es à retardement et la joie simple que l’on prend à regarder leurs jeux amoureux.

 

Contrefeux de l’amour

Si cet âge d’or est largement représenté dans la thématique, nous allumons quelques contre-feux de l’amour, afin de le sortir de la conjugalité blanche hétéronormée et des injonctions du cinéma anglo-saxon. Comment aime-t-on, par exemple, à Bollywood ou en Géorgie ? Nous étudions avec autant d’attention que d’amusement le « génome romcom », afin de voir d’où il vient (la screwball comedy), où il va (les amours sucrées vidéoludiques) et comment il mute (la trash romcom des frères Farrelly ou des productions Apatow, sortie de la cuisse de Blake Edwards). Car la comédie romantique est tout autant une romance comique.

Et puis, en cette période de rassemblement et de rut nationaux, nous vous invitons à redécouvrir l’amour à la française : une généalogie du french kiss dont certains joyaux sont sortis de l’oubli (Cause toujours… tu m’intéresses !, Édouard Molinaro, 1978). Nos invité·es, fans de la première heure ou converti·es de dernière minute, réforment avec nous la comédie romantique et nous aident à re-faire l’amour, qui en a bien besoin.

 

Novembre

 

Plus nous avançons dans le XXIe siècle, plus nous devinons qu’il pourrait légitimement prétendre à fermer le ban de l’espèce humaine. On pourrait même se dire, avec Schopenhauer, « voilà une bonne chose de faite, c’est pas faute de vous avoir prévenu·es ». Je peux considérer que cette attaque d’édito ne soit pas très engageante pour les millions de lecteur·ices qui le lisent chaque mois, avec l’excitation presque inquiète qui convient à l’écoute des devins. 

Cependant, dans l’attente de cette fin qui ne saurait tarder, et qui peut-être arrivera avant que ces lignes ne soient imprimées, je ne saurais vous conseiller qu’un seul remède : la programmation du Forum des images. Salles d’attente de notre extinction à venir, notre lieu, voilà tout le paradoxe, donne les clés d’un gai savoir et les tutos pour sauver le monde. 

Ce mois-ci, par exemple, notre festival Carrefour du cinéma d’animation offre sa tribune aux nombreux imaginaires qui peuplent les dessins, les formes et les figures pleines d’âmes qui ont passé le plus clair de leur temps à fabriquer ces objets utopiques qu’on appelle des films. 

De même, les mondes vidéoludiques ouvrent un espace-temps parallèle, une nouvelle conscience anthropologique, ce qui n’est pas pour déplaire à l’ « éco-punk » d’Enora Mercier, notre invité·e du deuxième épisode de la saison 2 de Video Game Masters

Parmi les joyeusetés rigoureuses de novembre, outre notre sillon documentaire du mardi (100% doc) ou nos CinéKids toujours clairvoyants, on peut se prendre au jeu de Refaire l’amour

Et s’y prendre sérieusement, manches retroussées, histoire de faire mentir cet édito dystopique.

La thématique Refaire l'amour se poursuit jusqu'au 1er décembre ! Nouveaux horizons, romcom à la française ou encore focus sur les représentations des minorités : de nombreux autres sujets seront dévoilés prochainement.

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