En juin 1962, lors du premier Congrès des écrivains africains anglophones à l'Université Makerere (Ouganda), Wole Soyinka déclarait : «Le tigre ne proclame pas sa tigritude, il bondit sur sa proie et la dévore.»
Une flèche lancée au mouvement de la Négritude de Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire et Léon Gontran-Damas, à l'heure où de nombreux États du continent africain accédaient enfin à leur indépendance.
Senghor répliqua l'année suivante : «Le tigre ne parle pas de sa tigritude parce qu'il est une bête. Mais l'homme, lui, parle de son humanité parce qu'il est homme et qu'il pense.»
Le conflit entre l'écrivain nigérian (qui recevra le prix Nobel de littérature en 1986) et le poète-président sénégalais durera près de 40 ans et ce n'est qu'à l'aube du 3e millénaire que Soyinka révisera son jugement, réalisant ainsi une analyse critique des mouvements d'émancipation littéraires et politiques, non seulement sur le continent africain mais également sur ses territoires diasporiques.
Nous reviendrons avec l'homme de Lettres, qui nous fait l'honneur de sa visite, sur cette notion de Tigritude et sur son évolution, opérant un droit d'inventaire 60 ans après les Indépendances.
Dans le cadre de Tigritudes, du 12 janvier au 27 février 2022.