
La Symphonie des brigands
De Friedrich FeherAvec, Françoise Rosay, Magda Sonja, Hans Feher, George Graves, Fiction, Grande-Bretagne, Vf, 1936, 96 min, Noir et blanc
Dans une petite ville d’Europe centrale, des brigands ont caché leur butin dans l’orgue de Barbarie d’un modeste trio de chanteurs ambulants, à leur insu. Soupçonné, le petit garçon de la troupe s’enfuit à dos d’âne avec l’orgue. Le chef des voleurs, « le Diable noir », se lance à sa poursuite à travers les Alpes.
Comédien et homme de théâtre, Friedrich Feher tourna cette Symphonie des Brigands en quatre mois et en réalisa deux versions – française et anglaise, en 1936, entre l’Autriche, la Yougoslavie, le Mont Blanc et l’Angleterre. Ce sera un échec commercial à sa sortie, marquant la fin de la carrière du cinéaste.
Feher en était l’homme orchestre au sens propre : avant même de réaliser le film et d’y faire l’acteur, il avait composé et dirigé la partition de cette fantaisie hybride où l’opérette viennoise gagnée par l’esthétique du Cabinet du Docteur Caligari (dans lequel il joua), rencontre la loufoquerie des Marx Brothers et la pataphysique d’Alfred Jarry. Michael Powell adorait tellement le film qu’il s’en inspira avec son collaborateur Thomas Beecham pour Les Contes d’Hoffmann (1951).
Feher tire une éclatante leçon de son expérience dans l’Expressionnisme. Il en reprend les codes en les sonorisant : l’ouïe est aspirée par les bruits étranges, mugissements du vent, orgue et aboiements amplifiant la chorégraphie du muet pour les tirer vers les arcanes du rêve.
Ceci n’est pas un film. C’est un sortilège.