
L'Empire des sens
De Nagisa Oshima(Ai No Korida), Avec, Eiko Matsuda, Tatsuya Fuji, Aoi Nakajima, Yasuko Matsui, Fiction, Japon, vostf, 1976, 111 min, Couleur
En 1936 au Japon, la folle histoire de passion amoureuse et sexuelle entre Sada Abe la servante et son maître Kichizo.
L’Empire des sens est un peu au cinéma ce que L’Origine du monde est à la peinture : une œuvre d’art qui marque une transition dans la représentation graphique du corps et dans l’érotisme, au point qu’on puisse affirmer qu’il y a un avant et un après L’Empire des sens. Le mariage permanent du beau et du cru y provoque la sensation de capter l’essence de l’instant charnel et de l’orgasme. Cette alchimie, cette formule magique, Oshima en a gardé le secret. L’Empire des sens est l’une des rares œuvres où le désir féminin sort victorieux, en cette quintessence du don de soi et de l’acte d’amour.
Cosey Fanni Tutti à propos de L’Empire des sens :
« L’Empire des Sens est sorti pendant que je travaillais dans l’industrie du sexe dans les années 70. J’étais très impliquée dans le monde du porno et les magazines de sexe où j’apparaissais étaient interdits, jugés pornographiques. Alors quand j’ai entendu parler du film d’Oshima, j’ai eu très envie de le voir. Oshima avait réussi à faire un film porno malgré les lois très restrictives contre l’obscénité au Japon et au Royaume Uni, en utilisant des infrastructures en France, où ces lois venaient d’être abolies. Il semblait mener un combat contre la censure et l’oppression, et pour l’exploration de la sexualité. C’est tout ce qui m’intéressait à l’époque. La prestation d’Eiko Matsuda (Sada) et Tatsuya Fuji (Kichizo) est incroyable. Ils vous entraînent dans leur monde d’hyper-sensualité et de sexualité. Les scènes de sexe, authentiques, sont très belles et filmées de façon exquise. Au final, c’est un film sombre, et même les moments plus légers donnent une impression dérangeante. Le film d’Oshima était révolutionnaire, atteignant un niveau supérieur dans la qualité de la description d’actes sexuels extrêmes, et des notions de pouvoir et de contrôlerelationnel.»