
In the Shadow of the Sun précédé de Un Chien andalou
Un Chien andalou
Avec | Pierre Batcheff, Simone Mareuil | Fiction | France | vf | 1929 | 16 min | Noir et blanc
Est-il encore nécessaire de présenter ce manifeste du surréalisme qu’est Un Chien andalou, proposé ici dans sa superbe restauration ? Malgré ses nombreuses exégèses, chaque nouvelle vision ouvre à sa richesse infinie, à son sens inépuisable.
Plongeons à nouveau dans cet envoûtant poème, dans le tourbillon de ses rimes visuelles: entre l’inanimé et le vivant, entre les tortures du couple et la force du fantastique, entre la lune et la pupille.
Cosey Fanni Tutti à propos de Un Chien andalou :
«J’adore le surréalisme depuis mon adolescence, quand j’ai découvert les œuvres de Max Ernst, Salvador Dalí et Magritte. Ce film m’a fait une forte impression. Si forte
que j’ai trois images encadrées de l’œil coupé sur le mur de mon salon depuis mon emménagement dans ma demeure actuelle il y a quarante ans. Je n’ai aucune idée de ce qu’en pense notre fils ou nos invités. La scène de l’homme qui bave en caressant les seins et les fesses de la femme à été incorporée dans une vidéo utilisée dans des concerts de Chris & Cosey. Je n’ai jamais été tentée d’analyser le symbolisme freudien de ces suggestives images en noir et blanc, ou d’y chercher une narration. Je me contente d’accepter l’approche irrationnelle de Buñuel et Dalí, et d’apprécier l’étrangeté de leur rêverie cauchemardesque et son horreur choquante.»
In the Shadow of the Sun
Avec | Karl Bowen, Graham Dowie, Christopher Hobbs, Gerald Incandela | Fiction | Grande-Bretagne, RFA | sonore | 1981 | 51 min | Couleur
Derek Jarman exhume des films super 8 tournés en 1972 et 1975, les retravaille et les monte en une succession de séquences hallucinatoires sublimées par la musique de Throbbing Gristle. Si les spectres tournent des films il est à parier qu’ils ressemblent à In the Shadow of the Sun tant Derek Jarman nous invite au pays des ombres, des apparitions, des paysages fantômes. Jarman évoquait l’essence alchimique de la texture de ses images, le titre se référant même à un texte du 17e siècle. Il ralentit la vitesse des
images, la pellicule orangée semble se consumer et sortir du fond des temps. Grisés par la bande son de Throbbing Gristle, on en ressort comme d’une expérience cosmique et ésotérique, à la fois euphorisante et tendue, entre magie noire et blanche.
Cosey Fanni Tutti à propos de In the Shadow of the Sun :
« In The Shadow Of The Sun est une compilation de films Super8 tournés par Derek entre 1972 et 1975. Son intention était de créer une atmosphère onirique d’images mouvantes aléatoires un peu comme Buñuel et Dalí dans Un Chien Andalou. Mais les similarités entre ces deux films d’art s’arrêtent là. D’abord parce que le film de Derek est en couleur et très pictural. Il a utilisé diverses techniques expérimentales, les ralentis, la double exposition, des visuels superposés dont certains sont devenus iconiques de son travail. Le thème principal est le feu et le soleil. Ça commence par un voyage en voiture vers les cercles de pierres néolithiques d’Avebury, non loin de l’ancien site de Stonehenge. Là se déroulent de nombreux tableaux dans lesquels des personnages masqués et mystérieux s’adonnent à ce qui semble être des rites d’alchimie occultes. Les scènes fantomatiques et mystiques sont fascinantes. J’ai connu Derek dans les années 70 quand Throbbing Gristle était actif. En 1980, il nous a demandé de composer une bande son pour ce film. Ça semblait être une idée novatrice et un énorme honneur, que nous avons approché comme un rituel spécial en soi, en l’enregistrant dans une vieille morgue très tard la nuit, et en improvisant en live en regardant le film sur un petit poste de télévision. La première du film a eu lieu au Festival de Berlin en 1981. Depuis, avec Throbbing Gristle, j’ai souvent improvisé lors des projections de ce film. Chaque séance a été différente, les images nous inspirant de nouvelles directions musicales.»