Aux frontières de l'humain

Guide de survie au XXIe siècle. Thématique, du 7 mai au 13 juillet 2025

Au temps de l’IA, du génocide climatique ou du chaos géopolitique, la question de l’espèce humaine se pose et, plus encore, de ce que cela veut dire d’être humain, trop humain. La pop culture, à travers la représentation et la prescience de nos diverses mutations, donne depuis longtemps les clefs de notre hasardeuse destinée. 

Devenir(s) autre(s)

 

Depuis que la science-fiction d’hier est devenue notre condition d’aujourd’hui, la question de l’être humain, de ses manières d’habiter son corps et sa planète, de cohabiter avec d’autres animaux ou de nouvelles machines, se pose plus que jamais. Non plus comme un fantasme dystopique ou une rêverie lointaine, mais comme un kit de survie pour le futur immédiat. 

Cette thématique travaillera sur les zones d’hybridation qui modifient, questionnent, améliorent l’humanité (entendu comme le fait d’être humain) ou la conjuguent avec d’autres règnes. Bref, un ensemble de devenirs, pour parler comme Deleuze : devenir-machine, devenir-animal, devenir-végétal, devenir-rien. 

Autant de fictions possibles pour nourrir de nouveaux récits.

 

Du cyberpunk au biopunk

 

Du jeu vidéo à la BD, en passant par le cinéma, l’imaginaire de la pop culture a largement été fécondé par ces visions souvent cauchemardesques d’une humanité aux prises avec de paradigmatiques parasites ou en chasse d’un nouveau corps. Le cyberpunk est l’un des mouvements les plus représentatifs de ces hallucinations divinatoires, et nous voyagerons à travers ses œuvres les plus emblématiques —d’Akira à Terminator en passant par Tetsuo— ainsi que ses avatars contemporains —le Titane de Julia Ducournau. 

Outre nos relations avec la technologie, les machines, les robots, les augmentations de la chair, c’est aussi notre rapport au vivant qui s’en trouve bouleversé, et dont la perception a progressivement changé, à mesure que notre espèce creusait sa propre tombe, entraînant dans sa chute prométhéenne l’ensemble des créatures qui ont peuplé la Terre. 

Le Règne animal est l’un des plus brillants exemples de cette nouvelle perception : film à la fois synthétique et matriciel d’une autre manière de penser le cinéma de genre et la question écologique, il suggère que la mutation n’a plus de connotation horrifique, mais suggère un nouveau monde possible. Symptôme de tout un courant de pensée, il ouvre, avec d’autres, un chemin inexploré, où l’état de nature n’est plus une fiction utile, mais une redistribution des cartes du vivant. Ce qu’Alain Damasio nomme le « biopunk ». 

 

Ce programme pose donc une question anecdotique : celle du devenir‑humain du XXIe siècle.