La comédie romantique, romcom pour les intimes, est un genre cinématographique ultra codé. On y suit en général deux êtres que tout oppose et qui, bravant les obstacles et les différences, finissent ensemble : c’est le triomphe de l’Amour, toujours. Derrière ces glorieux happy ends, on constate souvent une vision du couple et de l’amour qui peut sembler peu moderne.
En septembre-octobre
La comédie romantique est-elle réac ?
C’est avec ce titre volontairement provocateur que s’ouvre la saison des cours et des amours.
L’autrice et scénariste Marianne Levy, papesse de la romcom, posera les bases du genre et en exposera les figures imposées, tandis qu’un corpus de films sera l’occasion de voir ou revoir des œuvres culte : de Quatre mariages et un enterrement à Comment savoir, en passant par Quand Harry
rencontre Sally et son célèbre orgasme, tout en revenant sur les classiques portant déjà en eux ces films plus modernes : Diamants sur canapé, Elle et Lui, Vacances romaines…
Ovidie et Sophie-Marie Larrouy seront, quant à elles, nos premières invitées à venir démystifier La Fabrique du prince charmant et à renverser les rôles féminin/masculin, alors qu’Iris Brey (autrice et réalisatrice) revisitera le sexe dans la romcom. Car, avec nos yeux de 2024 et à l’ère post #MeToo, comment ne pas réinterroger ce genre en profondeur pour re-faire l’amour ? L’amour est-il Simple
comme Sylvain ? Assurément non, il suffit de voir se débattre Julie (en 12 chapitres) ou déjà en 1986 Nola Darling (qui n’en fait qu’à sa tête).
S’aime-t-on de la même manière en Géorgie, en Israël et au Québec ? Comment concilier le désir et ses désordres, et tâcher d’en rire ?
Re-faire l’amour ?
Nous étudierons avec autant d’attention que d’amusement le « génome romcom », né de la screwball comedy dans laquelle s’illustrent les grands Billy Wilder, Frank Capra, Ernst Lubitsch et Preston Sturges. Une étude actorale des duos iconiques de son âge d’or, les années 1990, examinera par quel jeu et dans quel(s) corps ce génome s’incarne. Nous verrons également comment il mute vers la trash romcom des frères Farrelly ou des productions Apatow, tout droit sortie de la cuisse de Blake Edwards. Car, toute romantique qu’elle soit, la romcom peut aussi être potache, grivoise et triviale… pour notre plus grand plaisir !
Et puis, s’aime-t-on aussi bien, voire mieux, en chantant et en dansant comme dans la romcom bollywoodienne ? La question mérite d’être posée. Venez tester cette méthode à l’occasion d’un autre moment musical : notre KaraoQuiz où vous pourrez pousser la chansonnette et écouter vos airs préférés.
En novembre
En novembre, nous poursuivons notre plongée au cœur de la comédie romantique pour re-faire l’amour à l’aune de 2024, de #MeToo et du mouvement woke. L’occasion de se pencher sur les nouveaux horizons de la romcom et ses évolutions récentes, mais aussi d’en (re)découvrir certaines pépites.
Généalogie du French Kiss
La romcom à la française n’a rien à envier aux anglo-saxons, et c’est ce que nous tâcherons de montrer lors de la première semaine de novembre. Au programme, des joyaux sortis de l’oubli (Cause toujours… tu m’intéresse !, Un divan à New York, Pas son genre) et des incontournables dont on ne se lasse pas (L’Étudiante, L’Arnacoeur, 20 ans d’écart). Un panel éclectique pour une généalogie du French Kiss, en somme !
Amours vidéoludiques
Très tendance auprès des ados, les jeux vidéo de romance tels qu’Amour Sucré New Gen seront analysés lors d’un cours de cinéma tandis que vous pourrez, lors de la séance interactive L’Amour au choix animée par la scénariste Julie-Anna Grignon, décider de la destinée sentimentale de la jeune héroïne du film.
Regards féminins
Deux femmes viendront également porter leur regard singulier sur ce genre si balisé qu’est la romcom. L’autrice afropéenne et féministe Axelle Jah Njiké a choisi de montrer une rareté française sur les rapports homme-femme et la sexualité, Une liaison pornographique, suivie d’une table ronde avec un panel d’intervenant·es qui échangeront autour du film et de ses thématiques.
Carte blanche a également été donnée à la réalisatrice, scénariste et actrice Monia Chokri, dont seront montrés, en sa présence, les réjouissants Simple comme Sylvain et La Femme de mon frère ainsi que Le Goût des autres choisi par ses soins.
Ouverture aux minorités
Indispensable pour saisir toutes les évolutions de la comédie romantique, le dernier mouvement de la thématique sera consacré à une étude des minorités dans la romcom. Car si ce genre éprouvé a longtemps fait la part belle au couple hétérosexuel blanc, un corpus de films (Go Fish ; Love, Simon ; The Watermelon Woman ; Nola Darling n’en fait qu’à sa tête ; But I’m a Cheerleader) et un cours permettront d’en explorer les transformations récentes qui ramènent progressivement, depuis les marges vers le centre, ses personnages LGBTQIA+ et/ou racisé·es pour en faire les protagonistes principaux de ses histoires d’amour.
Enfin, le premier week-end de décembre, nous jouons les prolongations et vous invitons à venir passer tout un dimanche lové·es bien au chaud devant la trilogie de Richard Linklater, Before (Sunrise, Sunset, Midnight).